Imaginez la situation : un directeur d’association signe une rupture conventionnelle avec un salarié. Tout semble en ordre. Pourtant, quelques mois plus tard, la justice invalide cette rupture. La raison ? Le signataire n’avait tout simplement pas le pouvoir de licencier ou de rompre le contrat. Cette erreur peut coûter cher à l’association. Alors, qui détient réellement ce pouvoir dans une association ? La réponse se trouve dans un document souvent négligé : les statuts.
Le pouvoir de licencier dans une association : que disent les statuts ?
Dans une association loi 1901, le pouvoir de licencier n’est pas automatiquement attribué à une personne en particulier. Contrairement aux entreprises classiques où le dirigeant dispose généralement de cette prérogative, les associations fonctionnent selon leurs propres règles internes.
Les statuts de l’association constituent la première source à consulter. Ils définissent qui peut embaucher, gérer et mettre fin aux contrats de travail. En l’absence de précision dans les statuts, c’est le conseil d’administration qui détient ce pouvoir par défaut.
La règle d’or : toujours vérifier les statuts avant toute procédure de rupture de contrat.
Qui peut signer une rupture conventionnelle dans une association ?
La rupture conventionnelle dans une association obéit aux mêmes principes que le licenciement. Seule la personne désignée par les statuts ou mandatée officiellement peut signer ce type d’accord.
Dans la plupart des cas, on retrouve cette organisation :
- Le conseil d’administration nomme et révoque les salariés
- Le président exécute les décisions prises par le conseil
- Le directeur peut préparer les dossiers mais ne signe pas forcément
Ce fonctionnement garantit un contrôle collégial des décisions importantes. Il évite également qu’une seule personne concentre tous les pouvoirs au sein de l’association.
Le rôle du directeur dans la procédure de licenciement association
Le directeur d’association joue souvent un rôle actif dans la gestion du personnel. Néanmoins, son implication ne signifie pas qu’il détient automatiquement le pouvoir de licencier.
Concrètement, le directeur peut :
- Préparer l’argumentaire du dossier de licenciement
- Construire la procédure disciplinaire
- Présenter le dossier au bureau pour validation
- Suivre l’ensemble du processus
Par contre, la signature finale de la lettre de licenciement ou de la rupture conventionnelle revient généralement au président. Cette séparation des rôles protège l’association et garantit la validité juridique de la décision.
Les délégations de pouvoir : attention aux pièges
Un document souvent déterminant dans ces questions est le document unique des délégations. Il précise quelles responsabilités sont transférées du président vers le directeur ou d’autres membres de l’équipe.
Pour qu’une délégation soit valable, elle doit être :
- Écrite de manière claire et précise
- Formalisée dans un document officiel
- Limitée dans son périmètre d’action
Si le document de délégation ne mentionne pas explicitement le pouvoir de signer les ruptures de contrat, alors le directeur ne peut pas le faire. Cette règle stricte vise à protéger les droits des salariés.
Cas pratique : quand une rupture conventionnelle est invalidée
Un arrêt récent de la Cour de cassation illustre parfaitement ces enjeux. Dans cette affaire, une directrice d’association avait signé une rupture conventionnelle avec un salarié.
Or, selon les statuts de l’association, seul le conseil d’administration pouvait nommer et révoquer le personnel. Le président était chargé d’exécuter ces décisions. La directrice, bien qu’impliquée dans la préparation du dossier, ne disposait d’aucune délégation explicite pour signer l’acte de rupture.
Résultat : la Cour de cassation a jugé que la rupture conventionnelle était nulle. L’association a dû verser des indemnités au salarié comme s’il s’agissait d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Cette décision rappelle l’importance de respecter scrupuleusement les règles de gouvernance interne.
Licenciement ou rupture conventionnelle : qui doit signer dans votre association ?
Pour éviter tout risque juridique, voici la marche à suivre dans votre association :
Première étape : consultez vos statuts pour identifier clairement qui détient le pouvoir de rompre les contrats de travail.
Deuxième étape : vérifiez le document des délégations de pouvoir. Assurez-vous qu’il mentionne explicitement les prérogatives déléguées au directeur ou à d’autres membres.
Troisième étape : en cas de doute, faites signer tout acte de rupture par le président ou organisez une validation préalable du conseil d’administration.
Cette rigueur administrative protège à la fois l’association et ses salariés. Elle garantit également la sécurité juridique de toutes les décisions prises.
L’importance d’une gestion RH structurée dans les associations
Au-delà des questions de pouvoir, cet exemple soulève une problématique plus large : comment les associations peuvent-elles mieux gérer leurs ressources humaines ?
Les petites et moyennes associations jonglent souvent avec des obligations administratives complexes. Entre les statuts, les délégations de pouvoir, les contrats de travail et les procédures de rupture, il est facile de commettre des erreurs.
C’est là qu’un système de gestion des ressources humaines (SIRH) peut faire la différence. Un bon outil permet de :
- Centraliser tous les documents importants (statuts, délégations, contrats)
- Suivre les habilitations de chaque personne au sein de l’association
- Générer automatiquement les documents conformes à la réglementation
- Archiver les décisions prises par le conseil d’administration
En disposant d’une vue d’ensemble claire et actualisée, les dirigeants d’association évitent les zones grises. Ils savent précisément qui peut faire quoi. Cette transparence réduit considérablement les risques de contentieux.
Conclusion :
Le pouvoir de licencier dans une association n’est jamais une évidence. Il dépend entièrement de ce que prévoient les statuts et les délégations officielles. Une erreur sur le signataire d’une rupture conventionnelle peut annuler toute la procédure et coûter cher à l’association.
Alors, avant toute rupture de contrat, prenez le temps de vérifier qui dispose réellement de cette prérogative. Cette simple précaution vous évitera bien des complications juridiques.
Référence jurisprudentielle : Cour de cassation, chambre sociale, 22 octobre 2025, n°24-15.046



